Aujourd’hui, je vais vous parler tatouage.
Faire un tatouage quand c’est sur une cicatrice et qu’en plus on est malade peut revêtir un sens tout particulier et demander certaines précautions.
Une histoire
On accumule tous, au sein de notre cœur, des petits ou grands moments joyeux ou non qui font notre histoire.
Je ne fais pas défaut à cette règle, je vous en avais d’ailleurs un peu parlé (ici).
J’aime évoquer ces souvenirs que j’ai plaisir à me remémorer comme je regarderais un film qui m’a plu.
Notre corps aussi peut porter les stigmates de tous ces moments.
Moi mon corps est marqué par de nombreuses cicatrices.
Elles sont l’expression de ces périodes ou plus rien n’allait ou mon corps était devenu mon ennemie. (Je vous en parlais là.)
La genèse de ce désir de tatouage
J’ai commencé à parler tatouage à l’adolescence et ce n’était pourtant pas encore la grande mode comme aujourd’hui.
Cela me plaisait de décorer son corps, de pouvoir décider soi même de quel manière l’agrémenter.
Par contre, j’avais déjà la notion de permanence.
Un tatouage n’est pas un caprice, on ne l’enlève pas d’un claquement de doigts.
Je me disais que j’attendrais un peu avant de le faire.
Prendre le temps de le créer, d’avoir l’argent, d’y être prête tout simplement s’est avéré très important.
Je pensais attendre deux, trois ans… j’en ai attendue vingt !
Sauf que la vie elle passe…
Je savais ce que je voulais et où.
Pourtant, je ne le faisais pas (ça coûte cher!).
J’y pensais régulièrement et je gardais toujours l’espoir de pouvoir le faire un jour.
Un jour, mon ostéopathe m’a dit que mon corps était marqué à l’image de mon cœur, de nombreuses cicatrices.
La phrase paraît un peu cliché et pourtant elle a fait mouche.
J’ai pris conscience à partir de ce jour là que oui effectivement, je portais mes douleurs un peu comme des trophées de guerre.
La guerre ça va un temps
Il m’arrive encore aujourd’hui de regarder toutes ces zébrures blanches et de ressentir un sentiment étrange.
Elles ne me choquent pas, ne me dérangent pas.J’ai
Je ne les trouve pas laides mais elles ne me laissent pas indifférente.
Un jour, j’ai compris que ces cicatrices relevaient du passé.
J’ai eu envie que celle de la cheville prenne un autre sens, qu’elle se transforme.
Celle-ci en particulier car c’est elle qui m’a conduit à aller voir le médecin et à me faire recoudre pour la première fois.
Elle a été la première pierre d’un nouveau chemin ou le dernier caillou du chemin dans lequel je m’étais enferrée.
J’ai su immédiatement quel dessin j’allais faire.
Même si la grande mode actuelle qui pousse tout un chacun à se tatouer ne me plaît pas vraiment, je savais qu’un jour je ferais ce tatouage.
Peut être était ce une manière de faire la paix avec moi.
Par ce geste, j’ai dit à mon corps que même ses aspects disgracieux pouvaient être beaux.
Cheville, cicatrice et côté gauche
Sauf que quand on a une maladie assortie de médicaments assez lourds, on ne décide pas de triturer sa peau comme on va acheter une baguette de pain.
Il est important d‘en parler avec son médecin pour être sûre qu’il n’y ai pas de contres indications.
Puis se rajouter un problème de santé, une infection ou je ne sais quoi ne me paraissait pas vraiment utile.
Et surtout cela pouvait être lourd de conséquences.
En plus de cela, il y a certain de mes symptômes qui compliquent un peu les choses.
Mes spasmes, mon hypersensibilité de la peau, ma difficulté de mobilité… sont des paramètres à ne pas négliger.
De plus, je savais que se tatouer la cheville était assez douloureux.
J’avais lu que se tatouer sur une cicatrice pouvait être très douloureux (peau plus fine).
Puis vu que rien que le contact d’un doigt à gauche me fait mal, le contact d’aiguilles risquaient d’être très très douloureux.
Et après ?
Une fois rassurée sur la qualité du salon de tatouage (ce sera chez le Marquis!) et la capacité de la tatoueuse à toucher une cicatrice, j’ai encore attendue.
Puis un jour, suite à de nombreuses mauvaises nouvelles concernant ma maladie et un ras le bol généralisé par rapport à un état de santé que je ne contrôle pas et un corps que j’ai parfois du mal à considérer comme ami, j’ai décidé que je le voulais là tout de suite!
Et en fait, tout a été très simple.
Il y a cinq marches pour rentrer dans le salon.
Mais à chaque fois la seule réaction a été « machin (pardon, les gens, je n’ai pas la mémoire des prénoms!), tu viens m’aider pour permettre à la dame de rentrer ».
Où est le problème, franchement!
Pareillement, pour m’installer sur la table de tatouage, un charmant monsieur m’a porté délicatement.
Et Eddie (la tatoueuse) m’a apportée des coussins pour que je puisse me caler confortablement contre le mur et surtout ne pas glisser sur les côtés.
Bien-sûr Eddie m’avait demandé avant, tout ce qui pouvait impacter son travail autant au niveau des médicaments que de mon état physique.
Et vous savez quoi, elle a travaillé à quelques centimètres de mon pied et elle ne l’a même pas pris dans le nez (même si des fois il bougeait tout seul et qu’elle devait lever son aiguille)!
Conclusion
Est-ce que j’ai eu mal?
Oui un peu mais rien d’insupportable.
Suis je vraiment contente?
Oh que oui: grâce à Eddie j’ai transformé quelque chose de laid visuellement et symboliquement en une magnifique estampe qui représente la beauté éphémère, la transformation et cerise sur le gâteau, qui était le symbole les samouraïs!
Alors si vous avez envie d’un tatouage, que vous soyez malade ou handicapé, ne vous arrêtez pas à ça.
Parlez en à votre médecin (surtout si vous avez des traitements), trouvez le tatoueur qui vous plaît, prévenez le de la réalité de vos spécificités physiques, organisez vous, et sautez le pas!
Pour des explications plus précises sur les tatouages :
Coverdressing: Tatouage sur cicatrice
Madmoizelle: Histoire du tatouage, Faire son premier tatouage
Daphnée: Tatouage et spasticité