Oui, certain jour je suis tout ça à la fois: malade, méchante et égocentrique.
C’est vrai j’ai une maladie grave, ça n’excuse ni mes remarques acerbes, ni que je vous donne la sensation que vous n’avez pas le droit de vous plaindre.
Je rendrais ridicule toute plainte
Cela fait déjà un moment que je pense à cet article.
J’entends trop souvent des proches minimiser leurs souffrances sous prétexte que moi c’est plus grave.
C’est vrai en soit, une sclérose en plaques est plus grave qu’une allergie ou un rhume aussi enquiquinant soit il.
Est-ce pour autant que la souffrance ou l’agacement que vous ressentez a moins de valeur ?
Je ne pense pas.
Je vous avais déjà dit que je trouve complètement ridicule de comparer des souffrances d’autant plus quand ce n’est pas la même personne qui les ressens.
Ça va même au delà de ça.
Croyez vous vraiment que vous avez à avoir honte de ne pas avoir une maladie grave ?
Croyez vous que quiconque y compris moi, puisse penser que votre vie est parfaite parce que vous pouvez sauter et courir ?
Malade mais humaine avant tout
La maladie prend une part non négligeable de ma vie.
Comme m’a dit récemment mon maître d’arme « elle fait partie de toi ».
C’était dans une conversation évidemment, il ne m’a pas sortie ça comme tel!
Déjà que ça m’a agacé dit de cette manière par une personne que je connais et apprécie, je n’imagine même pas sortie de tout contexte ou dit par un parfait inconnu.
Mais c’est vrai, la maladie fait partie de moi que ça me plaise ou non mais elle n’est pas moi; petite nuance verbal,énorme différence pour moi.
Bref, j’aime parler des derniers rouge à lèvre à la mode (euh non faut pas pousser!), du temps pourri, de la politique (à petite dose!), des problèmes qui vous concernent, de la dernière soirée folle que vous avez fait, de vos histoire de cœur….
Oui effectivement, j’ai une maladie pas drôle mais ça n’enlève pas mon côté humain tout simplement.
Égocentrique
Mais c’est une réalité, il y a des jours, où je suis moins à l’écoute.
Parfois, je n’arrive pas à faire preuve de compassion.
Certains jours, quand une amie se plaint de ses enfants qui ont encore cassé un pot de fleur, j’ai juste envie de lui dire « oh mais tais toi, t’es bien heureuse d’avoir des gosses, alors juste tais toi.. » (dans ma tête c’était moins poli!).
Ou alors quand je vois un ami se lamenter de devoir se lever tous les matins pour aller au boulot je lui dirais bien « tu as un boulot que tu peux assurer alors tais toi ».
Où même quand mon frère râle d’avoir dû aller une fois à l’hôpital, je rigolerais bien en le traitant de chochotte et en lui disant « une fois, ah ah ah ».
Mais ce n’est pas juste.
Alors pourquoi des fois je réagis de cette manière?
Pourquoi je suis uniquement tournée sur et en moi?
Peut-être juste parce que je suis humaine.
Méchante
Je ne pense pas être d’un naturel méchant.
J’aime écouter, aider, cajoler, prendre soin de ceux que j’aime.
Certain jour, la maladie m’enlève cette partie de mon caractère que je trouve pourtant très positive.
Quand j’envoie bouler une amie, quand je suis là sans être vraiment là, quand j’entends sans écouter, quand je blesse au lieu d’essayer de comprendre oui je suis méchante.
Des fois, je suis méchante pour me protéger.
Je n’ai juste pas la force de faire des efforts, d’aller vers l’autre parce que toutes mes forces sont centrées pour supporter ce qui me concerne.
Ces jours là, la maladie gagne un peu et c’est en me mettant dans mon cocon que j’arrive à ne pas la laisser gagner tout le temps.
Des raison, j’en ai bien sûr mais elles ne seront jamais assez bonnes pour faire oublier que j’ai blessé quelqu’un.
Alors oui la maladie rend égocentrique, égoïste, méchant, aigri , parfois.
On ne l’est pas tout le temps, ce n’est pas ce qu’on est intrinsèquement mais des fois on n’a plus d’armes, plus de bouclier, on est juste tout nu alors ces jours là, comme un enfant, on tape, on mord et on fuit.
Vous n’avez pas plus de raisons de nous pardonner que l’on en a de le faire quand vous nous blessez.
Vous n’avez pas plus de raisons de taire vos malheurs que vous n’en avez de vous cacher pour pleurer.
On est juste à égalité, désespérément humain.
Édit: cet article est étonnamment cours pour un sujet qui me tient profondément à cœur!
Espérons qu’il vous touchera quand même et que vous comprendrez les mots qui me semblaient si clairs dans mon esprit!
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Sclérose en plaques et envie d’enfants
Travailler avec une santé précaire
La maladie grave, cette vicieuse
Je découvre seulement ce soir ton blog et promis je reviendrai y lire de belles réalités.
Bravo
Tân
Enchantée alors et à bientôt!!
Plus je te lis et plus tes pensées interprétées à travers tes articles me renvoient au personnage héroïne que tu connais. Elle n’est pas toi. Tu n’es pas elle. En même temps la force de tes convictions et la matière brute que tu nous livres fait de toi à mes yeux une sorte de lumineuse porte parole de la tolérance, de la différence et de l’humanité. En toi ourdit un vent de révolte qui ne dit pas son nom. Tu véhicules les messages universels et bienveillants. Le monde en a bien besoin. As tu déjà songé à militer? J’ai le sentiment que de nombreuses causes t’adopteraient.
Merci pour ton comm.
Oui bien sûr, je ne milite pas pour la simple raison qu’il y a trop de causes pour lesquelles j’aimerais agir et que je ne suis qu’une petite sépienne pleine de fatigue parfois!
Puis le militantisme bizarrement ne me convient pas pour plusieurs raisons: d’une part j’en ai marre qu’on passe notre temps à tout séparer. Pourquoi se battre pour le respect des migrants, pour que les handis soient ^pris en compte, que les femmes aient plus de droits pourquoi juste pas se battre pour que la société évolue vers un mode où il y aura de l’équité pour tous et que tout le monde trouve sa place. En plus et là j’ai peut être trot j’ai tendance à trouver que le militantisme frôle trop souvent avec le prosélytisme. Il n’y a pas de vérité et je n’ai pas envie que l’on me vende la cause la plus noble possible comme une seule vérité. Je n’aime pas souvent comment apparait le militantisme. J’ai peut être tort peut que mon avis évoluera. Pour l’instant je fais du bénévolat, je sensibilise, j’écris, j »espère parraisner un enfant (envie nait bien avant… c’est marrant!), et surtout j’essai de rester à l’écoute des gens et ne jamais croire que j’ai la vérité et que je suis mieux qu’eux.
Pas forcément besoin de porte-voix ou d’identifier une cause. Ton blog est ta tribune. Les followers sont tes adhérents. Militer, n’est-ce pas tout ça ?
Alors je milite c’est ma manière à moi effectivement. Et le thème du blog est exactement ce que j’ai envie de dire: montrer dire ce que perdu dans notre quotidien on oublie de voir, d’écouter.
Oui, oui, oui, et re oui. 100% !!
! 🙂
Je me reconnais bien dans ton article. Notamment sur l’aspect « égocentrique » de la chose. Moi, c’est au niveau des choix de vie que je dois faire parfois en fonction du handicap. Et mon conjoint m’a déjà reproché qu’il avait l’impression que mon handicap avait souvent la priorité sur le reste. On a une vision différente de la chose, lui et moi. Lui voudrait que ça soit autrement et moi je ne vois pas comment puisque je n’ai pas le choix… Sujet complexe en tout cas !
Je crois qu’effectivement on voit par fois les choses différemment ça ne nous pas moins bon pour autant sauf que c’est quelque chose de nous que l’on ne peut pas mettre en sourdine.