La vision que l’on a de notre corps cristallise souvent toutes nos angoisses, nos peurs, nos préjugés, nos représentations.
La vision du corps
Il est certain que ce simple titre pourrait convenir à une thèse complète !
Mais rassurez vous, ce n’est pas mon genre et surtout, pas dans mes capacités!
J’entends souvent dire que la vision du corps de la femme est excessivement normée.
Je trouve que celle de l’homme l’est tout autant, il ne faut pas se leurrer.
On parle aussi très souvent des complexes que la société crée.
On apprend tôt, à ne pas aimer telle ou telle partie de son corps.
Moi aussi, j’ai eu mon lot de complexes.
Ce n’est pas grave d’en avoir, tant que ça n’influence pas toute notre vie, tous nos choix à chaque instant.
Mais en soi, ce n’est pas obligatoire d’avoir des complexes.
La seule chose qui compte c’est ce que toi tu penses ou ressens.
Aimer son corps
J’ai commencé à me demander si j’aimais mon corps en suivant la chaîne de Léa Bordier-Cher corps.
Je me suis rendue compte que je n’avais jamais vraiment aimé ce corps qui est le mien.
J’aime le corps humain parce que je trouve les courbes d’une femme ou d’un homme, vraiment magnifiques.
Ça me fait penser à des paysages : des vallées, des montagnes, des plaines…
Pourtant, je n’aimais pas mon corps mais je ne sais pas trop pourquoi.
Je n’aimais pas mes seins, je pensais que mon visage n’était pas particulièrement beau, je croyais que ma minceur était de la maigreur tout sauf belle à voir…
D’où ça venait ?
De mon éducation, des commentaires des enfants à l’école (harcèlement scolaire vu par une presque vieille), des publicités, de mon mal être…
Je ne sais pas, certainement un peu de tout ça à la fois.
L’utilité de ce corps
Par contre, je ne m’étais jamais interrogée sur l’utilité de ce corps.
Il était pour moi la vitrine de ce que j’étais ou n’étais pas.
Il me permettait de marcher, de bouger, de vivre tout simplement sans même que je ne m’en rende compte.
Aujourd’hui, que je circule en fauteuil roulant, j’ai pris conscience de l’utilité de mes jambes.
Ce que je n’ai plus me fait prendre conscience de ce que j’avais mais aussi de tout ce que j’ai encore.
C’est vrai, je n’ai plus le contrôle de mes jambes.
Mes abdos réagissent selon leur bon vouloir.
Quand à mes bras et mes mains, ils perdent régulièrement leurs aptitudes.
Mes yeux aussi me font découvrir des mondes ignorés.
Et pourtant, je n’ai jamais autant aimé et respecté mon corps qu’aujourd’hui.
Une adaptation naturelle
Je sais qu’il n’est pas là juste pour montrer une vitrine à qui veut la voir.
Il est beaucoup plus que cela.
Mon corps est avant tout ce qui me permet d’être dans ce monde.
Il a plein de défaillances mais aucune machine ne s’adapte autant que lui.
Quoi qu’il arrive, quelques soient les assauts de la maladie, il continue toujours à me servir, à me permettre de vivre.
Il a une capacité d’adaptation que mon esprit n’a pas toujours ou qui lui faut du temps pour avoir.
Lorsque j’ai perdu l’usage des jambes, il m’a montré que mes bras pouvaient devenir plus fort.
Quand mes yeux se sont mis à tout voir de travers, j’ai pu me rendre compte que mes autres sens me permettaient de continuer à vivre.
Mon corps est attaqué de tout coté et pourtant il est toujours là.
Il en verra d’autres.
Peut-être même qu’un jour, il jettera l’éponge.
Mais pour l’instant, il continue à s’adapter et il m’apprend que la vie n’est pas fini parce que l’on perd une capacité aussi importante soit elle.
J’aime mon corps
Je vis intimement dans chaque pore de ma peau, ce que ça a de difficile d’avoir un corps.
Je n’oublie pas les douleurs.
L’adaptation que les changements permanents de mon corps demande à mon esprit est énorme.
Le regard des autres me rappelle très souvent que mon corps n’est pas comme « il faudrait ».
Et pourtant, je suis fière de ce corps imparfait.
C’est avec lui que je fais toutes ces choses dans ma vie que je trouve si formidables.
Il y a l’escrime évidemment mais il y a aussi les balades sur la via Rhôna, les câlins à mes amis, les voyages…
C’est vrai que le fauteuil fait que je passe rarement inaperçue.
Mais c’est aussi et je le sais mon sourire, mes cheveux court, mon caractère bien trempé qui me rendent spéciale !
Je n’ai pas une confiance en moi à toute épreuve.
Des doutes sur ce que je suis m’assaillent très souvent.
Mais, mon corps est devenu une chose sur lequel je peux m’appuyer, en qui j’ai confiance.
Je ne sais pas comment il sera demain mais j’ai conscience de ne pas le savoir.
Et je sais que lui et moi on ira encore très loin!
Bon alors et vous, que ressentez vous à propos de votre corps ?
Tu vois, je n’en suis pas encore là… Je reconnais toutes les belles choses dont est capable mon corps, tout ce qu’il me permet encore de faire aussi, cependant je n’arrive toujours pas à ne pas lui en vouloir. Je lui en veux de ne pas avoir suivi mon esprit, de m’avoir lâchée, de ne pas être allé au bout et j’ai envers lui comme un sentiment de traîtrise. Ce qui a un côté certes absurde, mais particulièrement… collant et insistant…
Ce n’est pas absurde, c’est juste comme ça.
Puis il me semble que je suis malade depuis plus longtemps que tu es en fauteuil.
Le temps joue peut-être.
Et en même temps tu ne penseras peut-être jamais comme moi et ce n’est pas grave.
Je pense sincèrement que le plus important est de ressentir une certaine paix avec qui l’on est.
Pour ma part, j’en ai parfois voulu à ce corps qui m’avait lachée comme le dit Daphné. Pourtant, c’est vrai il est notre meilleur allié dans nos gestes quotidiens. Une prise de conscience tardive seulement après avoir montré ses défaillances.
Alors, prenons en soin. Je crois que nous ne le faisons pas assez.
Je crois qu’effectivement on ne l’apprend pas assez aux enfants.
À nous maintenant qu’on en a conscience de se l’appliquer à nous même!