Comme la terre n’arrête pas de tourner même l’été, et les problèmes de société étant toujours présents même en vacances, je vais aborder aujourd’hui un sujet sérieux.
Les actes symboliques
Il y a peu, j’étais en vacances chez mes parents, dans le village de mon enfance.
Je suis allée faire un footing en fauteuil roulant sur le stade qui se trouve en face du collège où j’étais scolarisée.
Je n’aurais pas osé il y a un an.
Maintenant, faire du footing fait partie de mon quotidien. Cela m’apporte un réel bien être et puis mon endurance pour l’escrime, j’y tiens !
Je me suis donc retrouvé un matin sur la petite piste d’athlétisme.
Et d’un seul coup, je me suis mis à avoir un sourire qui aurait pu faire fondre un glacier.
J’étais là, au même endroit que quinze ans auparavant (un peu plus même mais chut) et j’étais fière de moi.
Je crois que ça a vraiment été un acte symbolique pour moi.
Petit goût de vengeance
Ça a d’abord eu un goût de vengeance.
J’ai cru que je me vengeais de tous ces visages de l’époque qui me revenaient en tête et que je pourrais décrire dans les moindres détails.
Aujourd’hui, j’ai compris que je ne me suis pas vengée d’eux.
A quoi ça aurait servi, ils n’étaient pas là et ils s’en foutraient certainement complètement.
C’est à la période, à la moi de l’époque que mon geste était adressé.
Pas pour la narguer ou la traiter de nulle juste pour lui crier haut et fort avec mon sourire et mes coups de roues que je valais quelque chose, que quoi qu’il soit arrivé, quoi qu’on est pu me dire, je suis là aujourd’hui, que je vaux quelque chose et que être moi n’est pas si mal !
Ça avait un goût de victoire que des mots ne seraient retranscrire et que même moi, après coup je trouve presque dérisoire!
Mais ce moment m’a amené naturellement à réfléchir à la notion de harcèlement scolaire.
Harcèlement scolaire
Le phénomène n’est pas neuf, loin de là alors pourquoi d’un seul coup on en entend parler partout?
Est-ce que le phénomène c’est vraiment amplifié où est ce juste la conscience que l’on en a ?
Quoi qu’il en soit le terme est apparu dans les années 1990 même si le phénomène en lui même est plus ancien (article du figaro).
Il est devenu très utilisé en France à partir des années 2011-2012.
J’ai réalisé que même si à mon époque on ne parlait pas de harcèlement scolaire, c’est ce que j’avais vécu durant toutes mes années primaires et secondaires.
Le harcèlement se définit comme une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique.
Les trois caractéristiques principales en sont la violence, la répétitivité et l’isolement de la victime.
Vous pouvez retrouver cette définition ainsi que de nombreuses informations et vidéos sur le site du gouvernement ainsi que des explications sur le cyber harcèlement.
Les conséquences
Quelle que soit la raison de cette prise de conscience, je trouve très bien qu’on parle enfin du harcèlement scolaire et que ce soit une des priorités du gouvernement.
Peut être qu’on évitera les réactions du genre « tu n’as qu’à te défendre » ou « il faut que tu fasses des efforts pour t’intégrer ».
Parce que ce ne sont pas des réponses adéquates.
La victime n’a pas à se sentir coupable, se dire que le problème vient d’elle.
Et l’enfant ou adolescent harceleur ne doit pas se dire que la violence qu’elle qu’elle soit est un mode de communication valable, ni une réponse à son propre malaise.
Les conséquences du harcèlement scolaire sont énormes.
Bien sûr, certaines sont immédiates : isolement, difficultés d’apprentissage, décrochage scolaire, ….
Mais il y en a aussi sur le long terme : troubles de la socialisation (impossibilité de faire confiance, faible estime de soi, difficulté d’adaptation) et troubles psychiques (dépression, tentatives de suicide, phobie sociale, addiction).
Prise de conscience
J’ai des souvenirs assez cuisants de toute cette période.
Et pourtant, jamais je n’avais pris conscience que ça avait été du harcèlement. Je savais que ce n’était pas des choses normales mais je me disais qu’en même temps, il n’y avait pas de quoi fouetter un chat.
Mais en fait SI, il y a de quoi fouetter un chat.
Ce ne sont pas des comportements normaux et ce ne sont surtout pas des situations que l’on peut banaliser.
Certains me diront que ça forge le caractère. Peut être, même certainement mais je ne pense pas que ça prépare à faire confiance à l’autre, ni à avancer sereinement dans la vie et à affronter les événements difficiles qui ne manqueront pas d’arriver.
Ce n’est pas un effet de mode qui fait que l’on en parle beaucoup mais simplement une prise de conscience.
On ne peut pas dire que ce n’est pas important ni même que ça a toujours existé et que c’est normal.
Ce n’est certes pas la fin du monde et on trouvera toujours des situations pires que le harcèlement scolaire mais toutes situations de violence doit être prises en compte.
Je pense que c’est mauvais pour le harceleur comme pour sa victime et c’est vrai ça marque à vie.
Aujourd’hui, j’ai une jolie vie mais il est certain que ça a contribué à créer beaucoup de mes failles dont certaines ont sensiblement compliqué mon rapport au monde et le complique toujours.
N’hésitez pas à aller lire les sites que je vous ai mis en lien dans l’article et n’hésitez pas à poser des questions et à en parler en commentaires.
Je crois que ce sujet sensible réveille des malaises en chacun de nous : malaise d’avoir, enfant, été témoin de ce genre de situation sans toujours oser intervenir, malaise d’en avoir soi-même été victime, malaise de se demander comment faire pour en protéger nos enfants sans pour autant les mettre sous une cloche de verre… Mais comme tu dis, c’est déjà beaucoup de savoir que ça existe et de pouvoir en parler et y réfléchir.
En tout cas, je dois dire que ce qui m’a le plus plu dans ton article, c’est de t’imaginer à faire ton fauteuil-footing avec le sourire de la victoire sur les lèvres : cette belle image, c’est tout toi !
Tu es prolifique en commentaire ce matin!!
C’est ça qui est dingue le harcèlement scolaire parle à beaucoup de gens et pourtant c’est si rare qu’on le dise ou qu’on parle de son expérience.
C’est étrange un peu comme si de toute manière c’était une étape inévitable comme si ça faisait partie de la vie de l’apprentissage.
Je suis contente que cette article ai fait réagir et oui je pense que en être conscient et en parler est un pas énorme pour soi et pour ses enfants. Parce que ça peut leur arriver d’être harceler, d’être harceleur, d’être témoin.
Voici ma pensée du jour. Chaque fois que je fais du thé ou bien quand je l’ achète, je pense à toi ou plutôt à tout ce que tu as expliqué et qui a éclairé mes indécisions.
Du coup, ma réflexion avance sur un autre point me faisant constater ta générosité à partager sans compter tes expériences, tes découvertes et cela nous enrichit en tout cas moi.
Ton dernier article sur ton retour natal m’a une fois de plus lui aussi épatée. Je ressens que tu offres des choses vécues, tes impressions, tes mouvements qui pourraient partir en tout sens et que tu sembles retenir, tous ces ressentis que nous avons nous aussi bien souvent et que tu mets en lumière.
Je conclus avec cette pensée de Thomas d’Aquin (1225-1274) qui je trouve te correspond. »Il est plus beau d’éclairer que de briller seulement; de même est-il plus beau de transmettre aux autres ce que l’on a contemplé que de contempler seulement. » myriam
Oh merci! Ton commentaire me touche beaucoup et je suis ravie de te lire à nouveau .
Cette phrase de Thomas D’Aquin me plait énormément. Je ne sais pas ce que je vais en faire mais si tu me permets je la reprendrais. Peut être même que j’en ferait un article, à voir…
Encore merci pour cet article. Tu arrives à parler de situations difficiles avec beaucoup de recul, je suis toujours impressionnée 🙂
Une chose qui est difficile à comprendre, c’est la politique du corps enseignant face à ces situations, qu’il ne peut ignorer. Les instits, par principe, ne s’insinuent pas dans ces interactions entre leurs élèves, bien que le côté malsain, dégradant et injuste, violent comme tu le décrit si bien, soit indéniable. Selon eux, c’est un apprentissage de la vie en société par laquelle ils doivent passer.
Certes, de vouloir surprotéger un enfant ne l’aiderait pas a affronter les adversités à venir. Certes, apprendre très tôt qu’autrui peut nuire à son bienêtre, c’est apprendre et s’endurcir potentiellement. Mais les effets dévastateurs que cette violence a sur l’estime de soi, avec toutes les conséquences dramatiques que tu décrits, n’ont rien qui justifie le silence complice du corps enseignant.
Et quel effet cette attitude produit-elle sur les agresseurs ? Qu’ils soient instigateurs ou complices, c’est une belle leçon de morale, donnant les bases à la société dont ils sont l’avenir, dans laquelle le plus fort saura toujours tirer son épingle du jeu, et n’a rien à craindre tant que le bouc émissaire n’a pas de protecteur assez puissant. Est-ce les préparer à respecter les lois, ou leur apprendre à les contourner dès que possible ?
Pour stopper un harcèlement, un proche à dû changer sa fille d’établissement, puisque l’institutrice refusait de se mêler des histoires de gamins. Et pourtant, il y avait violence physique, un scandale. Entre-temps, malheureusement, la gamine avait appris la méchanceté, est passée de l’autre côté et se venge sur d’autres, moins durement mais quand même, ça fait mal au cœur 🙁
S’il faut garder espoir en notre société, ce ne peut être dans l’inaction et le silence complice ! La morale n’est pas le seule apanage des religions, une société laïque devrait en poser un minium les bases.
Tu as raison. Mais attention à ne pas mettre tous les instits dans le même sac. Il y en a aussi qui savent reconnaitre quand une situation dérape quand il ne s’agit pas d’apprentissage de la vie en société.
Et je pense que le fait que l’on en parle de plus en plus est bien. Ce n’est qu’un début comme dirait ma nièce au collège mais c’est déjà ça si on comprend que non ce n’est pas de l’apprentissage et non ce n’est pas à l’agressé de s’adapter et non ce n’est pas et ne sera jamais des situations acceptables. Le problème est toujours de savoir où se trouve la limite.
Je l’aime cet article…même si je ne devrais pas! Mes années collège, le mêmes que toi, n’ont pas été très bonnes non plus. C’était mieux au lycée, mais certaines sales têtes m’avaient suivies… Mais j’avais de vraies amies, qui m’ont aidé à passer tout ça!
Je vais parler de mes filles (encore!!!!) mais c’est une de les grosses trouilles, le harcèlent scolaire. Déjà, en maternelle, quand Léa me dit que sa copine ne lui parle plus pour une raison « bébête », quand elle me dit que des garçons lui lève sa jupe pour voir sa culotte (!!), qu’elle ne veut pas mettre telle tenue parce qu’un copain lui a dit que ça faisait garçon, ça me fait froid dans le dos!! J’espère qu’elle osera toujours m’en parler. Qu’elles oseront se confier à moi, que je saurai repérer quand ça ne va pas… J’en panique d’avance! (Et c’est là que les « séquelles collèges » pèsent….)
Ton commentaire est très touchant.
Je te trouve tellement juste et peline d’amour pour tes enfants. SI déjà tu sais que ça existe et y fait attention tu seras là pour eux si ça devait arriver ce que je ne leur souhaite bien sûr pas. Ne pas être naîf et se fermer les yeux très fort pour ne pas savoir que ça exiqte est le pire je pense.