Avoir besoin d’aide au quotidien n’est pas un chose facile à assumer.
Parfois cela peut être pour vous permettre de passer plus de temps avec vos enfants.
D’autres fois, le handicap ou la maladie rend juste impossible de se passer d’une aide.
Embaucher quelqu’un chez soi
Avoir besoin d’aide pour gérer son quotidien est souvent vu comme une faiblesse ou purement bourgeois.
Je ne sais pas si cela vous ai déjà arrivé mais prendre quelqu’un à « son service » (parce qu’il ne faut pas se leurrer c’est bien ce que ça veut dire même si on en est plus au temps des serfs ou des esclaves) n’est pas si simple.
Je me souviens que gamine, mes parents avaient embauché une femme de ménage.
Grâce à elle, tout le village savait comment on rangeait nos culottes et à quelle fréquence on lavait nos fenêtres!
Mais quoiqu’il en soit, elles les aidaient dans leur quotidien, leur permettait d’avoir un peu plus de temps pour leurs enfants ou pour eux mêmes.
Ça illustre parfaitement les deux points que je trouve compliqué quand on embauche une personne pour nous aider.
On devient d’un seul coup le patron et on fait rentrer une personne extérieure dans sa vie privée.
Ni l’un ni l’autre ne sont simples.
Et puis n’oublions pas cette sacro-sainte culpabilité si facile à ressentir.
La petite voix qui dit « j’ai besoin de quelqu’un parce que je ne suis pas capable de m’en sortir seule».
Pour moi, embaucher quelqu’un c’est reconnaître que l’on a besoin d’aide et ce n’est jamais facile.
Quand avoir besoin d’aide rime avec perte d’autonomie
Il n’en reste pas moins qu’avoir quelqu’un pour se faciliter la vie est une chose.
Avoir quelqu’un parce que l’on n’a pas le choix est une autre paire de manche.
Quand on vieillit, souvent, l’autonomie s’amenuise: on vous aide à faire votre toilette, à ranger votre intérieur…
Cela va souvent de pair avec une dépréciation de soi même.
Quand on a, toute sa vie, été autonome, géré son quotidien comme on l’entendait, reconnaître que l’on ne peut plus le faire est dure.
Quand le handicap fait partie de votre vie ou y rentre d’un seul coup, le même phénomène apparaît.
J’ai dû accepter d’avoir besoin d’aide même dans les gestes les plus simples.
Et mon côté orgueilleuse, qui voulait tout faire elle-même, en a pris un sacré coup.
J’ai ressenti une espèce de honte et de culpabilité : « je ne suis pas âgée et je suis même pas capable de me laver les cheveux seule, le boulet ! ».
J’entends souvent les gens dire qu’ils n’ont pas de temps pour eux, que leur maison est sale, que tout gérer est impossible.
Je me dis alors, que ma vie est trop simple, trop facile puisque moi je n’ai pas à tout faire toute seule.
Même mon cerveau est conscient que c’est un raccourci un peu idiot, mais quoi qu’il en soit la culpabilité est bien là.
Les auxiliaires de vie
Les auxiliaires de vie ont pour rôle d’aider et d’accompagner les personnes handicapées ou vieillissantes.
Leur rôle est de faire tout ce que ces personnes ne peuvent plus faire ( repas, linge, entretien courant…).
Le but est qu’elles puissent continuer à vivre chez elle dans de bonnes conditions..
Leur rôle va bien au-delà de celui d’une femme de ménage.
Elles permettent de rompre l’isolement pour des personnes qui ne sortent plus.
Pour les personnes travaillant, elles les soulagent des désagréments dû à leur handicap (fatigue, difficultés pour certains gestes…).
Elles aident aussi les personnes à continuer des activités qu’elles ne pourraient plus suivre si elles devaient tout assumer.
J’ai souvent entendu dire qu’il fallait faire attention à ce qu’aucun lien ne se crée entre bénéficiaires et professionnels.
Ce serait pour éviter aux uns et aux autres de souffrir lorsqu’un contrat se termine par exemple.
Pour moi, ce sont des mots vides de sens.
Il ne s’agit pas de mélanger les rôles.
L’auxiliaire reste une personne qui travaille, elle n’est pas une amie mais heureusement qu’un certain lien se crée.
Un lien différent qui permet qu’une confiance s’instaure et qu’en tant que bénéficiaire on n’ai pas l’impression d’être juste un dossier de plus.
Les associations
On peut, en cas de besoin, s’adresser à une association embauchant des auxiliaires de vie ou à une auxiliaire travaillant à son compte.
L’avantage d’une association est qu’elle gère les papiers, les congés, les remplacements en cas de maladie, le salaire.
Le désavantage est qu’alors plusieurs personnes interviennent auprès d’une même personne.
Il m’est arrivé d’avoir une personne différente à chaque intervention (et j’en ai au moins trois par semaine).
Expliquer à chaque fois le fonctionnement de votre intérieur, montrer les gestes dont vous avez besoin pour vous aider, ça devient vite pénible et encore plus quand on est malade.
Et puis on ne peut pas accrocher avec tout le monde.
Et je vous jure que passer trois heures avec une personne qui vous énerve ou avec qui ça ne passe pas du tout, c’est long!
Comme jamais rien n’est simple dans notre société, le prochain article vous parlera des auxiliaires de vie mais du point de vue de ces instances un peu lointaines, toujours décalées de notre réalité: Auxiliaires de vie, MDPH et bénéficiaires
Pour continuer sur ce thème vous pouvez lire ce témoignage: ce-pouvoir-illusoire-que-certaines-personnes-pensent-avoir-sur-la-dependance.
Dans un autre domaine, mais pas si éloigné quand même, ça me fait penser aux relations avec la nounou de ma fille. C’est une professionnelle, certes, quelqu’un qui travaille, certes, pour gagner sa vie, certes, mais c’est avant tout une personne avec qui la sympathie et la confiance doivent être de mise, sinon ça peut tourner au vinaigre. Ceci dit, ce n’est franchement pas évident de jongler entre ce côté affectif inévitable (et indispensable à mes yeux, car comme un/e auxiliaire de vie, il s’agit là d’un service à la personne) et tout le côté paperasse / salaire / horaires / conciliation des exigences. Tout ça pour dire que je comprends (ou crois comprendre un peu du moins !) ce que tu peux ressentir !
Que ce soit nounou, femme de ménage, professeur, auxiliaire de vie, je pense que oui ça se rejoint. En fait j’aurais du mettre quand on embauche quelqu’un pour soit ou sa famille. Nounou en plus il y a aussi les conceptions qui peuvent être différentes vis à vis de l’éducation, je suppose.
Et oui gérer cette double relation professionnelle amicale c’est compliqué.
Bonjour Circé
Comme je partage ce que tu écris là!
Georges Sand a écrit longuement sur ce rapport compliqué fait d’empathie, de pouvoir, de rémunération etc …et d’amour.
Moi aussi j’ai connu la femme de ménage quand j’étais petite car nous étions nombreux. La première était comme ma grand-mère en mieux car les vraies étaient assez rudes, la 2ème, adorable, la 3ème indifférente et la 4ème était « militaire » avec interdiction d’entrer dans la maison quand elle était là. Elle nous faisait tous trembler de frousse. Elle était maîtresse en lieu et place.
Bref on a un besoin vital de cette aide quand on ne peut pas faire tout seul mais ça coûte cher, je parle du côté psychologique en plus de l’autre. Et comme il n’y a pas d’autre solution, il faut s’adapter. Le bon côté que je peux admettre c’est que ça oblige à se dominer, à être philosophe, à ranger les côtés petits de notre personnalité pour faire que tout se passe au mieux.
myriam
Oui il faut juste pas que ça oblige à ranger aussi les grands côtés de soi même.
Bonjour petite (!) Circé,
Je suis une treeeeeees fidèle lectrice de tes articles et je partage avec toi tes réflexions toujours très justes et pertinentes.
J’ai plein de choses à t’écrire et je le ferai – promis – des que j’ai un peu de temps à moi…
En attendant je te souhaite un beau printemps.
Annie