Que l’on soit handicapé ou valide, on ne fait pas toujours ce que l’on a envie.
Des fois par ce que ce n’est pas possible mais aussi souvent parce que l’on se met des limites.
Sont elles toujours justifiées, sont elles toujours objectives?
Les limites
Pour écrire cet article, je me suis amusée à lire différents articles du web.
Beaucoup revenaient sur le milieu sportif.
Toutes parlaient de la manière de dépasser ses limites.
Les limites apparaissent souvent comme étant personnelles et psychologiques.
Mais il y a aussi des limites physiques, objectives.
Sauf que comme l’explique très bien cet article, elles évoluent : jusqu’en 1954, le monde scientifique disait que l’athlète ne pouvait pas courir un miles en moins de quatre minutes car le corps subirait trop de pression.
Puis Roger Bannister, a battu un record et il est descendu en dessous de cette limite.
A partir de ce jour là, beaucoup d’autres coureurs l’on fait.
Une limite dites objective était tombée.
Le sport est effectivement un milieu parfait pour parler de dépassement.
Ce n’est pourtant pas le seul.
Des limites on en rencontre tous tout le temps.
Le handicap
Certaines caractéristiques physiques ont tendance à renvoyer encore plus à la notion de limite.
Lorsque l’on a un handicap quel qu’il soit, on renvoi souvent l’image d’une personne vivant avec beaucoup de limites, dans ses déplacements, dans ses activités même dans ses désirs.
Du coup, on nous admire pour un rien, comme si d’un seul coup notre vie pouvait se réduire au strict minimum parce que l’on n’a pas toutes les capacités et les possibilités d’une personne valide.
Relisez cet article dans Wheelchair et porte jarretelles qui parle du fait que l’on admire une personne handicapée rien que parce qu’elle vit .
C’est certain qu’en tant que personne handicapée moteur, je ne vais pas gravir un escalier en courant.
Je ne peux pas marcher, je ne peux pas courir, je ne peux pas me concentrer longtemps, je ne fais pas pipi comme tout le monde, j’évite les gestes trop répétitifs parce que mes mains tremblent trop, je ne peux pas conduire la nuit…
Tout cela ce sont mes limites physiques, des limites que je ne cherche plus à dépasser parce que ça reviendrait à vouloir transformer un arbre en nuage.
Et encore (n’étant pas paraplégique à cause d’un accident), même celles-ci peuvent évoluer en fonction de mon état de santé et de la rééducation.
Se dépasser
Récemment, des avancées médicales ont montrés que l’on pouvait permettre à une personne paraplégique de retrouver un peu de mobilité.
Le domaine scientifique progresse et certainement qu’un jour ces limites aujourd’hui considérées comme objectives et définitives n’existeront plus.
Mais aujourd’hui, elles sont bien réelles.
Je ne cherche pas à dépasser ces limites parce que je ne les contrôle pas et que ce n’est pas un blocage dans ma tête qui fait que je ne marche pas.
Ce n’est pas pour autant qu’elles me cantonnent à un univers restreint.
Pareillement, un jour (oui j’y crois) on aura une société accessible à tous avec des rampes, des signaux sonores pour les personnes aveugles, des sous titres pour les personnes sourdes…
Mais aujourd’hui ce n’est pas le cas.
Est-ce pour autant que l’on doit rester chez soi, éviter certains lieux, arrêter de faire ce qu’on aime ?
Pendant longtemps, je vous aurez répondu non tout en me disant, que oui pour certaines choses il y avait des limites.
Ce sont ces limites dont je me rends compte qu’elles peuvent être dépassées.
Dans les yeux des autres
Aujourd’hui, c’est souvent dans le regard des autres et dans leur paroles que se trouvent le plus de limites.
Combien de fois, j’ai entendus « tu peux venir mais ça va être compliqué ».
Ou « ne va pas là, ce n’est pas accessible ».
Ou encore « ouah tu as fait ça tu es trop forte » comme si j’avais fait un exploit.
Sauf que plus ça va et plus je me rends compte que les limites, elles sont surtout dans leurs têtes.
Bien-sûr je ne monterais pas d’escaliers mais quand je sors si le restaurant que l’on vise a des marches il y a toujours des personnes pour m’aider à les franchir.
On va prendre en compte la personne un peu enveloppé qui a du mal à franchir une côte, la personne absolument pas sportive qui ne va pas aimer aller se balader, celle qui devient rouge comme une écrevisse au bout de deux minutes d’exposition au soleil… moi c’est pareil.
C’est encore et toujours une question d ‘adaptation et d’attention à l’autre.
Ce sont auprès de mes amis que j’ai compris ça parce que je ne me sens pas être un poids pour eux plus que n’importe lequel d’entre eux.
Dans nos têtes
Les activités qui m’attire maintenant, je ne pense plus en premier lieu, puis-je les faire mais plutôt comment vais je les faire ?
La différence paraît infime et pourtant elle ne l’est pas.
A partir du moment où j’ai vraiment envie de faire un truc même si ça me paraît un peu fou et que ça fait grincer des dents certaines personnes, je cherche et je trouve la manière de le faire.
Et souvent ce n’est même pas si compliqué que cela.
Alors oui j’ai souvent besoin de personnes autour de moi pour m’aider mais ce n’est pour autant que je me sens diminuée (aujourd’hui).
Regardez ce blog « Roulettes et sac à dos » et celui-là « seper héro » pour voir ce que l’on peut faire même avec un handicap.
En fait, c’est juste une question d’envie.
Rien ne sert de chercher à monter l’Everest si vous détestez la montagne.
Pas besoin de faire beaucoup de sport si vous n’avez jamais aimé ça.
Faites juste ce qui vous plaît, ce que vous avez envie de faire et si c’est nécessaire, adaptez les choses pour qu’elles vous conviennent à VOUS.
Certes, je dois réfléchir et m’organiser pour faire certaines choses, pour dépasser certaines limites mais réfléchir n’est pas s’arrêter.
S’adapter n’est pas renoncer.