Cette fois c’est le texte d’un grand ami comédien, metteur en scène, écrivain que je veux partager avec vous, Eric Goria.
J’aime beaucoup ses écrits et si vous avez déjà vu Les fous sans blanc, vous en avez eu un aperçu.
Ce texte vient d’un des personnages du spectacle Pirates auquel j’ai eu le bonheur de participer.
Maryread-Bonny est un personnage de théâtre qui n’a pas voulu se taire une fois la pièce terminée. Elle a forcé son écrivain à lui trouver les mots pour exprimer son chant étouffé.
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21-10-2011
Il y a celle qui se réveille bien accompagnée, avec des gamins qui lui sautent sur le ventre et lui écrasent un peu les seins.
Il y a celle qui se réveille avec dans le corps, inscrits les réflexes de la journée, celle là ouvre les yeux et entre directement dans une partition musicale imposée par les protections, les peurs, les craintes et les angoisses de sa vie.
Il y a celle qui se réveille avec la main d’un homme, rassurante, qui la caresse machinalement et glisse sur sa peau avec la tendresse de l’amour qui se reconduit d’un jour à l’autre.
Il y a celle qui se réveille avec, dans son champ de vision, le dos d’un homme qui part et dont elle ne se souvient même pas du prénom.
Elle ne garde que son odeur imprégnée sur le corps.
Une odeur qui lui démonte le coeur, remonte les larmes et dégringole le moral.
Il y a celle qui se réveille et qui regarde autour d’elle en se disant que c’est dégueulasse de se réveiller seule avec toujours le même goût et la même odeur, le goût qui n’a pas de goût et l’odeur qui n’a pas d’odeur.
Le constat rance de la vie qui se débine.
Il y a celle qui se réveille avec un large sourire.
Il y a celle qui se réveille avec des larmes.
Il y a celle qui se réveille comblée.
Il y a celle qui se réveille déjà morte.
Moi, je n’ai jamais eu d’enfant, mais j’ai connu tous ces réveils.
J’ai connu les gosses des autres, les hommes des autres, les abandons des autres, les odeurs des autres, les habitudes et les errances.
Mon lit est trop froid, mon lit porte trop de douleurs, mon lit parfois me dégoutte, mon lit est trop ouvert, mon lit est trop vide, mon lit grince quand il devrait gémir, mon lit manque d’amour !
Merci Circé d’ouvrir la porte aux mots désordonnés et silencieux de Maryread. C’est un honneur pour moi de faire partie de tes amis. Je t’embrasse de tout mon coeur. Eric
🙂
Les mots de Mary head ont beaucoup plu je crois et si tu as lu les commentaires tu as pu t’en rendre compte.
Et moi je suis ravie de pouvoir leur donner une place ici ainsi qu’à toi.
Aussi beau que troublant, surtout la fin.
Dure la vie de femme pirate quand même…
Eric Goria a bien du talent et me donne envie de retrouver ce lieu où j’ai découvert des gens remarquables:
http://cartoucherie.fr/?post_type=tribe_events
Un seul mot d’admiration : magnifique !
Je suis à 100% d’accord avec toi!