REFLEXIONS

Les fous sans blanc ou comment faire du théâtre en Ardèche

By Douce barbare

Je suis ardéchoise ce qui n’est pas un secret !
Je suis malade (mais non pour de vrai pas juste dans ma tête), oh surprise !
Je me déplace en fauteuil roulant la plupart du temps, ah bon !
Et malgré ça, j’ai fait partie pendant un an des FSB !

Ça ne vous dis rien ? Oh, ça, c’est parce que vous n’êtes pas ardéchois ! Les FSB c’est une troupe de théâtre de leur vrai nom les Fous Sans Blanc.

Pas de stress, je vais vous expliquer qui ils sont mais avant, je vais vous dire ce qui m’a le plus marqué en les découvrant : le flash back qu’ils m’ont fait faire.

Immersion dans la campagne ardéchoise de mon adolescence

Quand j’étais ado, j’étais déjà folle de théâtre. J’en faisais au collège entre midi et deux, on montait des spectacles, on passait des heures à répéter. Mais je rêvais de plus. Je rêvais peut-être d’en faire ma vie mais surtout d’apprendre de nouvelles techniques, de partir dans tous ces mondes qui m’étaient d’un coup accessibles, de monter en scène pas seulement une fois par an.DSCN6736

Mais voilà, j’habitais en Ardèche dans un village perdu au milieux des montagnes et des virages (je vous promet ils sont mythiques !), à une heure de la première ville. Il n’étais pas question d’aller en faire ailleurs et je devais me contenter de ces quelques heures par semaine, qui, même si elles n’étanchaient pas ma soif, étaient merveilleuses.

Les FSB (Fous sans Blanc pour ceux qui dorment) c’est ça : la possibilité de faire là où on est ce qu’on aime, de partir dans un univers qui d’un seul coup s’ouvre à nous, d’apprendre des techniques de théâtre avec un professionnel, des manières de vivre avec les autres tout en restant qui on est.

Ils amènent la culture dans nos petits coins perdus.

Je les ai rencontrés j’avais 31 ans, savoir qu’ils existent à 15 ans aurait été comment dire ? Merveilleux, génial, enfin bref ce ne fut pas le cas.

Quelques explications sur les FOUS SANS BLANCS

Ils sont environ vingt jeunes, moins jeunes, filles, garçons, timides, extravertis, musiciens, danseurs, comédiens.

Ils se regroupent un week-end par mois et partent un mois en tournée durant l’été.

Ils sont une association auto-gérée où chacun a sa part de travail où tous ont une place.

Le groupe se renouvelle régulièrement parce qu’en Ardèche quand on est jeune, qu’on obtient son bac, on part. Alors on laisse la place aux frères, aux potes, tous ceux à qui on a transmis le virus Fous sans blanc.

Ils sont menés théâtralement par Éric Goria, comédien professionnel Lyonnais et Ardéchois d’adoption, qui leur écrit des spectacles à la carte chaque année.

Ils sont nés d’un atelier théâtre créé en 1996 au centre culturel d’Aubenas. Cet atelier a été arrêté au bout d’un an mais les comédiens en herbe n’ont pas voulu s’arrêter là et l’association des FSB est née ! Ils se retrouvent un week-end par mois, font un stage avant l’été et partent en tournée durant un mois en juillet toujours sous la houlette théâtrale d’Eric.

« Notre travail artistique est axé sur le corps, le cœur et l’émotion. La parole bien qu’essentielle ne tient qu’une place secondaire dans notre univers. L’accent est porté sur l’existence et l’évolution d’un groupe. La participation au collectif est une des caractéristiques majeures de notre travail… »

Ça y est vous en savez un peu plus. Passons à ce que j’ai vécu avec eux.

Le quotidien d’une année

Un samedi par mois, je prenais ma voiture, des fois avec d’autres, pour débarquer vers 13h au local de répétition.

Une fois les bises passées, les bonjours, les « alors qu’est ce t’as fait ce mois-ci », on se mettait en tenue (juste noire et surtout pratique) et c’était parti pour plusieurs heures de travail scénique. On ne s’arrêtait que vers 22h (au mieux).

On ne savait jamais où on allait dormir mais jamais, ni moi ni personne ne s’est retrouvé sur le carreau même si des fois j’ai piqué des gros stress en me demandant comment j’allais atteindre la maison en haut de la pente, la chambre au bout des escaliers.

Mais les FSB, c’est aussi une association auto-gérée et une association c’est du travail.

1381568853044 modifAlors tous les dimanches matins, on se réunissait, tous en rond (oui c’est important ça faisait très tribu, ne manquait plus que le feu de bois au centre!) et on organisait, on gérait. Certains étaient trésoriers, d’autres présidents, d’autres s’occupaient de la communication, de la réparation des camions, de l’organisation de la tournée…
Non aucun n’était surdoué ou professionnel dans un domaine mais chacun apportait ses connaissances et les anciens transmettaient ce qu’ils avaient appris aux nouveaux.

J’aurais aimé avoir encore 15 ans parce que j’aurais pu apprendre à être grande, à avoir des responsabilités pour ne pas arriver et me sentir toute nue dans une société où je ne comprenais pas grand chose où on me traitait de campagnarde (ce n’était pas pour le côté petits oiseaux et beaux paysages mais plutôt pour le côté pas très futé et un peu ridicule).

Ce n’était pas toujours facile, ça demandait une réelle implication. Ça demandait aussi d’apprendre à travailler en groupe avec les caractères, les manières de fonctionner de chacun, à oser être soi (ah à 15 ans ça aurait été tellement utile!).

Puis une fois un petit frichti avalé, sur la piste. Et on recommençait tout l’après midi à jouer, à faire des exercices, des improvisations, à apprendre.

Toute l’année, nous parlions de ce qui serait l’apothéose, la madeleine de Proust à laquelle on repenserait avec amour, que les anciens nous racontaient et que j’écoutais avec une pointe de jalousie : la TOURNÉE.

Tout au long de l’année on l’organisait, on la prévoyait (avec plus ou moins de clairvoyance, plus ou moins au bon moment) parce que le but n’est pas de partir à l’aveugle pendant un mois. C’est un vrai projet qui se crée au même titre que le spectacle.

Par étape, après les week-ends de l’année, il y avait le stage, puis la tournée

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… suite au prochain épisode.

12 réflexions au sujet de “Les fous sans blanc ou comment faire du théâtre en Ardèche”

  1. Ah, Tata, tu peux pas ecrire un article sur le theatre sans parler du plus grand role que tu aies interprèté ! Tu devais etre en 4eme ou en 3eme au college du Cheylard, et ma moman, qui etait alors ta prof d’anglais, m’a trainé au spectacle de fin d’année.

    Et la, tu etais sur les planches, au milieu d’une piece dont j’ai oublie toute l’histoire, tu jouais le role d’une debile mentale completement gogole. Inoubliable, le role de ta vie !!!

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  2. Je ne sais si j’aurais osé, j’étais tellement timide !! alors quand j’ai fait mes études d’infirmières il a bien fallu que je mette ma timidité au placard et pr m’aider je me suis inscrite à 1 concours où il fallait deviner les chansons, moi qui étais plus que nulle !! mais ça m’a aidé et je pense qu’un groupe super comme le tien aurait été bien bénéfique. Super ce que tu as fait Circé, continue à aimer le théâtre et à en faire si tu le peux…
    Et maintenant que tu m’as prise ds tes pièges, j’attends la suite…. Amitiés. Gi

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  3. A l’école, on parlait de « remédiation » dans le jargon des enseignants.
    J’ai été une « maîtresse » du hasard, je veux dire que j’y suis entrée parce que j’ai vu de la lumière. Et j’ai défendu avec d’autres convaincus, ces voies de « remède », de remise sur les rails en passant par le langage du corps, des mains.
    Le théâtre, les jeux de rôle étaient une magie de révélation pour celle ou celui qui n’avait pas beaucoup d’estime propre.
    Aujourd’hui, j’ai cessé mon activité pro et j’ai bien peur que ce qui était déjà peu répandu soit devenu une peau de chagrin.
    Je conclus ce sujet scolaire avec la formule des 2 compères : Chevalier et Laspalès « quand on sait ce qui peut marcher et qu’on voit c’qu’on s’tape…. »

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    • Ah ça je suis d’accord avec toi mais adulte c’est magique aussi; ça va de 14 à 32 ans (l’année où j’y étais) c’est ça aussi qui est top.

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