Mes réflexions de fille malade et handicapée,  Quand un sujet peut nous toucher qui que l'on soit,  REGARDONS

Se donne t’on vraiment le droit au bonheur?

Le droit au bonheur…quel titre présomptueux.
Peut-on vraiment dire que le bonheur est un droit dans un monde ou tout va à vau-l’eau?
Mais surtout, à titre individuel, se donnons nous vraiment ce droit au bonheur?

Droit au bonheur

Avant d’écrire cet article, j’ai comme à mon habitude, fait des recherches sur internet.Phrase: "ici le bonheur est fait maison"
Le droit au bonheur est un sujet classique de baccalauréat en philosophie.
Je vous avoue, mon bac étant très loin, je n’ai pas l’intention de vous rédiger une dissertation!

Ce qui m’intéresse en réalité, c’est le droit que l’on se donne soi même à être heureus.e.
Posez la question à dix personnes différentes de ce qui selon elles, leur permettrait de vivre dans le bonheur.
Vous aurez dix réponses différentes.
Bien sûr, il y a quelques points communs : ceux répondant aux besoins vitaux se nourrir, se loger, être en sécurité…
Mais le plus étrange, c’est que l’on peut avoir tout ce que l’on considère nécessaire à notre bonheur et ne pas être heureus.e.
C’est ce point en particulier sur lequel je trouve intéressant de s’interroger.

L’éducation et les valeurs judéo-chrétiennes

Quatre paird jambes habillés et leurs ombres autour de l'ombre d'une croixNos premières valeurs se construisent dés l’enfance grâce au monde dans lequel on évolue alors.
Pour ma part, il me semblait évident que pour être heureuse, il fallait que je construise ma famille.

Avoir des enfants était pour moi une condition non négociable à mon bonheur (j’en parlais : envie d’enfants et sclérose en plaques).
Mais, il y a un autre précepte que j’ai intégré très tôt: «Si tu veux être heureuse, il faut en payer le prix».

Je n’ai pas du tout été élevé dans une famille religieuse.
Pourtant, je retrouve certaines valeurs qu’y s’associent assez bien avec la religion:
       on n’est pas sur cette terre pour être heureus.e.
       au contraire, on est là pour galérer et pour apporter une plus valus à la société.
       le bonheur est anecdotique et il se mérite.

Handicap, maladie…

Après mon diagnostic, j’ai entendu que si j’étais malade c’était pour une bonne raison.
Il y avait un peu de dieu, un peu de mysticisme.
Avec le recul, je dirais qu’il y avait surtout une volonté de rationaliser quelque chose de non prévu, d’incompréhensible.
Dans mon esprit, ça se traduisait, par « tu le mérites, c’est ta faute ».
Je suis loin de penser cela aujourd’hui.
Le handicap ou la maladie n’est pas une manière d’expier une faute que les personnes concernées auraient faites.

Selon moi, le handicap ou  la maladie n’est pas quelque chose de forcément négatif.
Tout dépend de ce que l’on arrive à en faire.
Mais quoi qu’il en soit, j’ai beaucoup de mal à accepter de  me laisser accéder au bonheur.

Je ressens comme une obligation à me battre et à  être heureuse même si ma maladie ne me fait pas rire tous les jours.

Par contre, je n’ai pas non plus à être trop heureuse.

C’est très ambivalent, je vous l’accorde.
Je me dois d’être consciente  de tous mes petits bonheurs car il y a des gens dont la situation est bien pire que la mienne.
Mais en même temps, être completement heureuse ça n’irait pas non plus.
Je suis handicapée, je ne galère pas tous les jours à gagner de quoi nourrir mes enfants (que je n’ai pas).

Avoir trop de bonheur serait indécent.
Et en quoi il serait mérité?

L’ambivalence du bonheur

Tableu avec deux moitié de visage. L'une jaune allant vers le haut et l'autre, bleu vers le basAujourd’hui, beaucoup de personnes se posent la question de la légitimité de leur bonheur.
On ne peut pas vivre, à l’ère d’internet, en prétendant ne pas connaître ce qui se passe aux quatre coins du monde.
Et soyons réaliste ça ne fait pas rire.

Je suis persuadée que l’on ne peut pas porter toute la souffrance du monde et que surtout le faire n’avancerait à rien.
Pour autant, je ne veux pas fermer les yeux et faire « comme si » donc je compose et j’essaie à mon petit niveau d’avoir un impact positif (j »en parlais là: Minimalisme et comment se sentir plus serein).
Mais je crois que ce n’est pas là le seul obstacle à mon bonheur.

J’ai tout simplement du mal à accepter d’être heureuse.
Déjà le fait de ne pas travailler me donne l’impression de ne pas avoir mon mot à dire.
Puis quand je fais le clown avec mon fauteuil, on me regarde comme si on n’attendait pas vraiment de moi, d’être heureus.e.
Bien-sûr et avant que vous me bondissiez dessus, je suis consciente que c’est FAUX.
Il n’existe pas une liste des actions à faire pour mériter le bonheur .

Se détacher de ses schémas

Tout le monde a le droit au bonheur.
Et aucun bonheur n’est supérieur à un autre: si vous êtes heureuse juste à regarder vos fleurs pousser, regardez les pousser.
Votre bonheur à la même valeur que celui de la personne qui s’extasie devant le spectacle de son fils ou de celle qui crapahute à travers le globe.

A partir du moment, où on trouve ce qui nous convient, c’est qu’on l’a, d’une manière ou d’une autre, cherché.
On s’est peut être même battu pour le dénicher alors qui serait légitime pour nous dire qu’on ne le mérite pas, qu’on doit le rendre?

Ma tête pense sincèrement tout ça.
Pourtant, je continue à devoir me battre contre mon cerveau et ses assertions du genre «tu as vraiment une chance indécente d’être sportive et de voyager à travers le monde avec une SEP ».
J’ai conscience maintenant que j’ai le droit d’être heureuse, que je ne vole mon bonheur à personne.

Mais c’est certainement un des travail le plus difficile que d’aller contre ses propres schémas, que l’on a depuis des fois si longtemps.
Il est certain qu’il faudra encore du temps à mon cerveau pour assimiler réellement cette réalité et encore plus longtemps pour qu’il me laisse juste être heureuse sans aucun « oui mais. ». J’ai encore du travail à faire pour être aussi bienveillante avec moique je le suis avec les gens que j’aime.

Et vous, vous donnez vous le droit au bonheur ?
Avez vous des schémas, des pensées automatiques qui vous prennent la tête ?

4 commentaires

  • La parenthèse psy

    Ton billet est très juste je trouve. Les humains détestent le non sens et donc en colle partout (exemple toute cette mode de pervers narcissique et bipolaire, on colle des étiquettes à tout). C’est donc soit la santé (physique/pathologique) soit la religion. Et tu as raison, être heureuse, c’est aussi s’autoriser à l’être. Et à l’être pas forcément tous les jours. Personne n’est heureux H24 😉

    Line de https://la-parenthese-psy.com/

    • Douce barbare

      Merci beaucoup de ton commentaire.
      Heureux h 24 n’est pas possible et je ne suis même pas sûre que ça serait enviable.
      Ce qu’on appelerait le bonheur serait sûrement bien fade si on n’avait pas aussi son opposé.

  • Joël Lesourd

    Je te suis depuis quelques temps et je trouve que tu as beaucoup de sensibilités et d’esprit, …et des « mots » justes.
    Moi, dans mon cas, j’ai eu le droit après mon accident à une réflexion d’un ami qui m’a scotchée. Je faisais du canyoning depuis des années et très engagé avec mon épouse dans l’assoc & club de canyoning sur la Guadeloupe. …Et je venais de passer le relais de mon poste de trésorier à ce fameux ami. Et bien, donc après l’accident, il m’a dit : »j’ai vu que tu te désengageais du club et cela ne m’étonne pas que ton accident soit arrivé ! », accident de canyoning, j’ai oublié de le dire. En fait, comme si j’avais provoqué l’accident involontairement dans un stade de désengagement psychique du canyoning et club. Bon, en fait, le copain est de la communauté indienne de Guadeloupe et est dans une certaine philosophie bouddhiste, sans y être vraiment. Disons, ce qui t’arrive est ce que tu as provoqué… Bien entendu, il y a parfois une certaine vérité à ce principe mais tout ne tourne pas comme ça, tout de même…
    Pour revenir au bonheur, moi, quand tout va bien et que oui j’ai l’impression d’être heureux, j’ai le déclic de me dire : « attention bonhomme, il va t’arriver des galères dans pas longtemps… ». Comme si, ces périodes de bonheur, on doit les payer un moment donné ou à un autre. Même si je reste très cartésien, pour autant je ne peux m’empêcher de penser comme ça. Mais peut-être qu’un homme ou femme averti.e. en vaut deux ?!
    Continues d’écrire, c’est bien souvent un régal…

    • Douce barbare

      Merci de ton partage.
      J’ai aussi cette tendance et justement je me dis que ça vient entre autre de mon éducation, de la société…
      Mais effectivement en être conscient (où être une personne avertie!) est déjà pas mal!

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